Quand j’ai eu la chance de devenir maman après 6 ans de galère, je me suis dit que tout était derrière moi. Les doutes, les espoirs déçus, l’ascenseur émotionnel, l’incertitude et l’attente, les déceptions mensuelles avec l’arrivée des règles. Je me disais que tout ça s’était terminé et que je pouvais maintenant reprendre une vie normale.
Et c’est d’ailleurs ce que j’ai fait, j’ai profité de mon premier enfant, j’ai passé du temps avec elle, j’ai fait un deuxième enfant et j’ai passé du temps avec elle, et je prévois d’ailleurs d’en faire un troisième et je passerai encore du temps avec elle.
Mais pour une raison qui m’échappe encore aujourd’hui même en ayant des enfants, la PMA n’est toujours pas derrière moi.
En fait je pense que je suis passée à un autre stade. J’avais souvent entendu qu’après avoir déjà eu un enfant ou deux, on pouvait tomber spontanément enceinte. Le corps s’étant « lavé » lors des accouchements, le terrain était plus fertile.
Je me disais aussi que j’avais appris la leçon que la vie voulait me donner et que peut-être maintenant cette leçon qui était comprise et dont j’ai fait quelque chose de bien. Je pensais que maintenant la vie me donnerait un bébé naturel.
Mais force est de constater que ce n’est pas le cas.
Nous avons repris avec mon conjoint des tentatives naturelles avec tests d’ovulation et compagnie et rien. Cela fait déjà maintenant huit mois que nous sommes en essais bébés et même si on nous répète que pour un couple normal huit mois ce n’est pas grand-chose, je constate que j’ai quand même beaucoup de désillusions.
J’avais en moi un espoir fou d’avoir ce troisième enfant naturellement. J’espérais un miracle. Je me voyais déjà dire à mes amis « C’est merveilleux et le dernier est arrivé de manière naturelle ! » Cela aurait été mon petit miracle comme pour clore un chapitre avec un happy end.
En fait, j’ai fait un tel travail d’acceptation, d’introspection et de transformation que je me suis dit que ça ne pouvait que marcher naturellement. Un peu comme si, le mental pouvait vraiment prendre le dessus sur une trompe en moins et de l’adénomyose.
Mais non, je me traîne encore des désillusions et des espoirs perdus. Mais je ne suis pas triste. Etonnement, même en étant experte des émotions, cette émotion-là, je n’arrive pas à la définir. Une séance de méditation de la pensée me serait bien nécessaire pour décoder tout cela…
Une amie m’a dit que ce n’était pas bien grave mais quand j’y réfléchis « Qu’est-ce que j’espérais ? »
J’espérais tout simplement être « normale » et sortir enfin complètement de ce statut d’infertile. Ne plus être différente. Celle à qui on demande « Alors tu as fait ton test, c’est positif ? » Ou « C’est quand ton prochain rdv ? » ou encore « Vous pensez bien à tout mettre au frigo, mademoiselle ! » (Et oui, je fais jeune à bientôt 40 ans !)
Oui, j’avais le doux espoir un peu fou de me réveiller un matin avec des nausées et me demander ce qu’il se passait en moi. J’espérais m’apercevoir au bout de 2 semaines que je n’avais pas eu mes règles et emballer un test de grossesse pour Apollon.
Mais non, ça ne sera pas le cas. Après 8 mois de tentatives et de tests d’ovulation ClearBlue, J’ai rendez-vous le 14 juin avec Dr Brybry et nous allons faire une première tentative en septembre.
Comment j’ai pu me mettre cette idée folle dans la tête ?
Contrairement aux autres fois, je n’ai pas peur de ne pas tomber enceinte. En fait, je dirai même que pour moi cela n’est pas une option.
Mais je m’interroge sur mon identité. Je voulais tellement fuir l’identité d’infertile que je m’étais apposée, que je ne suis pas passé à côté de mon identité réelle et présente pour passer directement vers une identité rêvée. J’ai peur être sauté une étape. Celle du présent. Finalement je dois me trouver mon identité actuelle, celle d’une personne toujours infertile mais beaucoup plus confiante en avenir et en elle.
Aujourd’hui, je n’ai plus le temps ni l’énergie d’espérer tomber enceinte naturellement. Je dois faire le deuil de cet espoir pour avancer. Je dois arrêter de rêver pour retourner dans la réalité. Ma petite vie de carte postale avec enfants, mari et Netflix m’aurait presque fait oublier mes 6 années de galère en PMA. Le réveil est un peu brutal, je dois l’avouer.
Je n’ai pas le choix, il faut que je m’adapte parce que les choses ne dépendent pas que de moi. Je ne veux pas passer ma vie à espérer une chose qui jusqu’alors n’a pas pointé le bout de son nez.
Alors même si je dois faire Toulouse-Paris avec les 2 minettes, caler mes rendez-vous, trouver différentes Baby Sitter ici et là-bas, faire des kilomètres en voiture, même si je vais devoir trouver une organisation de maître pour gérer ce dernier protocole, je me rapprocherai toujours plus de mon rêve dans l’inconfort de cette situation qu’en espérant changer le cours des choses.
Un jour, mon père m’a dit que des amis à lui n’avaient jamais réussi à avoir un second enfant même avec l’aide de la PMA. Je n’étais pas encore maman à cette époque, un vrai pitbull qui cultivait le sentiment d’injustice. J’ai répondu que ce n’était pas pareil et qu’il avait « au moins un enfant »
Maintenant, je sais que c’est pareil.
Tout comme une fausse n’a pas besoin de se produire tardivement pour être douloureuse, j’ai mal malgré mes 2 miracles près de moi. C’est différent. J’oscille entre culpabilité de ressentir cela et besoin de légitimer mon droit à ne pas me contenter de ce que la vie me donne et d’en demander toujours plus. Comme tout le monde.
Oui vouloir 3eme enfant qui plus est naturellement peut faire « petite gosse de riche » mais pendant un moment j’ai osé y croire.
Bizarrement, ça me fait du bien, de me dire que j’ai réussir à oublier totalement, même peu de temps, les cicatrices physiques et mentales que la PMA engendrent.
Mais bon, finalement je les ai eus mes miracles et quand mon désir d’enfants sera assouvi avec 3 ou "seulement 2" enfants, j’aurai tout le temps de me construire une autre identité. Ne sommes-nous pas en perpétuel changement ?
Marquée à vie par la PMA? Oui. Mais les luttes font parties du voyage et contribuent à faire l’expérience de la paix.
Je suis infertile et j’ai besoin de Dr Brybry pour avoir des enfants. C’est lui qui fait des miracles dans ce domaine.
Moi j’excelle ailleurs.
Je vous souhaite plein de ++
Teddy Xoxo
Et vous, où en êtes-vous de votre acceptation de votre infertilité ? Pas facile tous les jours, hein !
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